La
Pollinisation d'une orchidée
Exemple
d'un Paphiopedilum
La mission du
jour (si vous l'acceptez) sera donc de polliniser un Paphiopedilum...

LA
VICTIME : Paphiopedilum micranthum var. eburneum
DATE
ESTIMEE DU CRIME : 4 jours après ouverture de la
fleur...
LES
FAITS :
- La pollinisation d'un
paphio a le plus de chances de réussite si elle a lieu peu de
temps après l'ouverture de la fleur (une semaine maximum).
Cela permet d'obtenir plus de graines par capsule et une
meilleure germination des graines en culture in vitro…
- Il est toujours
préférable de croiser 2 plantes plutôt que de procéder à un
self (c'est à dire la pollinisation d'une plante avec son
propre pollen), les chances de réussite sont théoriquement
plus élevées. Cependant quand, comme dans le cas présent on
espère obtenir une descendance très proche de la plante mère
et que l'on ne possède pas de pollen d'une plante similaire, on
peut tenter une pollinisation en self…
1ère
étape : préparer la scène du crime
Les outils
nécessaires : la plante bien sûr, un cure dent ou des
pincettes qui serviront à retirer le pollen et à l'appliquer
à l'endroit prévu, une paille transparente pour stocker le
pollen, un briquet pour brûler la paille et la fermer
hermétiquement par la suite

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Couper
une section d 'environ 5 cm de la paille et brûler une
extrémité de façon en pressant avec les doigts à la coller
hermétiquement…
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Etape
n°2 : un peu d'anatomie
Les masses
polliniques sont assez apparentes et faciles à localiser sur les
paphios. Elles sont situées de chaque coté de la colonne, dans une
sorte de " coque " un peu rigide. Selon l'espèce de paphio
concernée, les masses polliniques peuvent être granuleuses ou au
contraire " collantes ", ce qui peut surprendre par rapport
à un phalaenopsis par exemple.
Elles sont indiquées ici
par les flèches rouges ( vue de dessus) |
vu de côté : on voit la
coque qui contient le pollen |
3ème
étape : prélever le pollen
A l'aide du cure
dent, on va délicatement détacher les coques renfermant les masses
polliniques. Il suffit de passer le cure dent dessous et de faire
levier pour qu'elles se détachent.
Le pollen est contenu dans
les pollinies, cette masse jaune séparée en 2 que l'on voit
sur la photo. Il va falloir l'extraire délicatement de sa coque
protectrice |
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A l'aide du cure dent, on
retire les masses polliniques de leur enveloppe |
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Voici les " coques
" vides... |

On place enfin le
pollen dans la petite paille prévue à cette effet.
4ème
étape : Le massacre sans tronçonneuse
Malheureusement sur
les Paphiopedilums il est quasiment impossible d'effectuer une
pollinisation sans mutiler la fleur en retirant le labelle. La zone
sur laquelle doit être déposé le pollen n'est en fait pas
accessible sans cette opération…
C'est un véritable
crève cœur surtout après seulement quelques jours de floraison mais
on a rien sans rien, allez, massacre au ciseau... Il faut découper
proprement le labelle de façon à dégager la colonne et le stigmate.
Attention à ne pas endommager le stigmate dans cette opération…
Voilà le résultat !
Horreur , mon beau paphio !!!!!
La flèche en rouge
indique la partie qui va désormais nous intéresser, le
stigmate, vu ici de dessus. La zone sur laquelle le pollen doit
être déposé se trouve dessous… |
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Le voici vu de dessous,
avec la flèche indiquant l'emplacement où il faut déposer le
pollen. Contrairement à d'autres orchidées cette zone n'est
pas vraiment fortement adhérente et il va falloir "
tartiner " le pollen pour le faire adhérer au maximum… |
5ème
étape : Ou l' on se prend pour un petit insecte pollinisateur
Après l'épisode précèdent
plein de violence, enfin un instant de poésie: Nous allons nous
substituer à Dame Nature en prélevant un peu de pollen dans la
petite paille pour ensuite venir l'appliquer sur la zone
cible avec le cure dent...
On étale bien à plat
avec le cure dent pour appliquer un maximum de pollen sur cette
zone. Attention toujours à ne pas endommager le stigmate dans
l'opération |
Voilà c'est fait ! |
Le pollen restant sera
conservé au frais (frigo) dans la paille dont on aura fermé
hermétiquement la seconde extrémité en la brûlant. Il pourra
ainsi être utilisé sur une autre plante ou échangé avec un
collègue... |
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Note
de la rédaction: Si
tout se passe bien, le pollen va germer dans les heures suivantes et
aller féconder les ovules situés dans le stigmate. Si la fécondation a fonctionné on verra
chez certains genres la fleur se faner rapidement, mais chez les
Paphiopedilum il ne se passe rien de spécial au début. Au bout d'un
certain temps cependant le pétiole (partie qui rattache la fleurs à tige) se
gonfle progressivement, signe que le processus est enclenché. Le
pétiole se transformera alors en capsule qui mûrira lentement
au fil des mois. La période mûrissement est variable selon les
espèces et les conditions de culture. Cela peut aller de quelques
semaines jusqu'a plus d'un an. Comme
il peut passer pas mal de temps entre la pollinisation et la récolte
des graines, n'oubliez pas d'étiqueter la capsule pour savoir quel
croisement a été fait et quant.
Quant
la capsule est bien mure (jaune) et avant qu'elle ne commence à
s'ouvrir, il faut l'envelopper d'un petit sac en papier afin de
récolter les graines qui sinon se répandraient partout comme une
fine poussière. Il est aussi possible de faire des semis de
graines encore vertes (la capsule est alors récoltée avant d'atteindre
la maturité). Cette méthode est souvent préférée pour gagner du
temps, voire indispensable dans certains cas ou les graines sèches ne
germent pas. Pour les Paphiopedilum notamment, certaines sources
semblent indiquer qu'il y a une meilleure chance de germination avec
semis en vert (capsule cueillie au bout de 4-5 mois).
Une fois les graines récoltées il ne vous
restera ensuite plus qu'à les semer ! Enfin c'est plus facile à dire
qu'à faire car cela doit se faire sur milieu stérile dans des
strictes conditions d'asepsie. Mais c'est une autre histoire que nous
vous raconteront peut être une autre fois si vous êtes bien sages ;-)
Reportage
par Lilo (Mykerina), 24 Mai 2006
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