Construction
de mon mur à épiphytes
par
Laurence, le 16 janvier 2004
C'est
au détour d' un magasine Géo que j' ai rencontré Patrick Blanc
pour la première fois, du moins une de ses créations. Patrick
Blanc c'est ce botaniste du CNRS qui, en observant des plantes
tropicales pousser dans leur milieu naturel, à eu l'idée de recréer
à la verticale les différents étages d'une foret tropicale
humide. L'idée pourtant simple est néanmoins géniale: Des plantes
sont placées sur un support vertical inerte sur lequel elles
s'enracinent. Elles sont nourries au goutte à goutte grâce à une
solution nutritive qui percole de haut en bas dans le support
vertical. Le tout sans sol, comme sur les troncs
d'arbres et les rochers des forêts humides. Le résultat est
un extraordinaire mur de chlorophylle vertical. Ses murs habillent désormais
la grisaille de Paris. Ils redonnent aux plantes droit de cité.
Improbables oasis de verdure, ils sont tout à la fois poumon et
parure au cœur de la ville. |

Un
des murs urbains de Patrick Blanc |

Un
des murs végétaux de Vivaria |
Par leur aspect
naturel, ces murs végétaux urbains m'ont immédiatement séduite
et énormément inspiré. Puis un peu plus tard je me suis perdue
sur le site de Vivaria.
Et la encore j' y ai vu de superbes murs végétaux ou les plantes
poussent directement sur un support placé à la verticale:
la version moderne des jardins suspendus de Babylone ?
Bien sur, j'ai
tout de suite eu envie de reproduire chez moi cet écosystème
extraordinaire. Enfin bon, toutes proportions gardées car ma
salle de culture fait seulement 1m20 de long sur 1 m de large,
rien à voir avec l'entrée du Pershing Hall (cet Hôtel parisien
sublimement habillé de plantes par Patrick Blanc). Mon idée était
donc de construire un mur végétal ou des plantes épiphytes et
des orchidées cohabiteraient en bonne harmonie. Ce système
devait avoir une apparence la plus naturelle possible et un mode
de fonctionnement simple, avec un besoin d' entretient minimal...
ha oui, dernière chose, budget serré également à respecter...
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J'en ai rêvé,
je l'ai fait cet été, et voila le résultat 1 an plus tard:

Coté concept, c'est
assez simple: une simple plaque de plexiglas
de 0.9 m
de haut et 0.8 m de large est recouverte de feutre horticole. Le tout est déposé
dans une boite à fleur étanche et une pompe à aquarium re-circule l'eau
en haut du mini-mur. Les orchidées et autres plantes épiphytes sont
accrochées directement au feutre. Voila, c'est tout !
Alors on commence
par la partie mur en elle même: il vous faut une plaque de plexiglas coupée
à la bonne taille (la mienne était vendue telle quelle en magasin de
bricolage, mais vous pouvez faire recouper sur place au besoin), du feutre
horticole (ou de l'aquanape, disponible dans les magasins de matériel
hydroponique), une baguette rigide de la même longueur que la
largeur du mur (moi j' ai pris un tuteur en plastique), du fil de pêche et et des pinces à
dossier (fourniture de bureau)...
Il faut commencer par
couper le feutre horticole à la bonne taille. Personnellement, pour éviter
que l' eau ne s'échappe sur les coté, je l'ai coupé 10 cm moins large et
moins long que ma plaque de plexiglas (soit 70 cm de large par 80 cm de
long donc). Ensuite j'ai rabattu le feutre sur 7 cm en haut pour me
permettre de coudre 2 glissières a l'aide de fil de pêche, comme indiqué sur le graphique:
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La plaque de
plexiglass recouverte de son papier protecteur

Fabrication des
glissières sur le feutre horticole
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Ensuite
il suffit de placer la baguette rigide dans la glissière du haut
puis de fixer le feutre sur la plaque de plexi avec 2 pinces à
dossier (la baguette rigide permet à la pince de maintenir le
feutre en place).
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Pour
le réservoir, j'ai choisit une jardinière en bois pour son
aspect plus naturel. Évidement le désavantage c'est qu'il faut
l'étancheiser. J'avais acheté de la mélamine (une fine plaque
de plastique qu'on utilise normalement sur de l'aggloméré pour
habiller les comptoirs de cuisine). Je l'ai coupée pour recouvrir l'intérieur
de la jardinière puis collée. Ensuite j'ai fait un joint de
silicone dans les coins.
Bon,
c'était très joli, mais j'ai eu beau refaire le joint de
silicone plusieurs fois, à chaque fois au bout d'une semaine une
fuite apparaissait. En fait le silicone n'était pas le bon
produit pour jointer ce type de plastique, une colle à base d'époxy
aurait probablement été plus appropriée. toujours est-il que je
me suis lassée et que j'ai tout simplement collé un morceau de
toile à bassin épaisse au fond de mon bac pour définitivement régler
le problème... moins beau mais bon!
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la plaque de
melamine avant découpage

la jardinière étancheisée...
enfin presque ;-) |

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Finalement,
il reste à poser le mur dans la jardinière et à installer la
pompe. Assurez vous lors de l' achat que la pompe pourra élever
l'eau assez haut pour atteindre le haut du mur. Mieux vaut une
pompe trop puissante que le contraire, et si elle est à débit
variable, c'est encore mieux. Pour distribuer l'eau en haut du
mur, j'avais d'abord opté pour un simple tuyau percé d'une
dizaine de trous et placé dans la 2eme glissière du feutre
horticole... Au bout de quelques semaines je me suis rendu compte
que la répartition de l'eau sur le mur était inégale avec ce
système donc j'ai installé des goutteurs dans les trous du tuyau.
Les goutteurs permettent une meilleure répartition de l'eau sur
le mur ce qui élimine les zones sèches. Si vous voulez installer des
goutteurs, veillez à ce que la glissière dans le feutre soit
assez large pour ce faire. |
Note sur le
choix de la pompe
Il ne faut pas que la pression dans le haut du
tuyau soit trop élevée, sinon la pompe va forcer, elle va caviter ce qui
diminue considérablement le débit et risque de l'endommager à long terme. La pression dans le haut du tuyau
est fonction du diamètre du tuyau, de la hauteur du mur, du nombre et du
débit des goutteurs et de la puissance de la pompe...
Pour éviter les problèmes il faut
donc prendre une pompe qui
possède un débit de sortie compatible avec ce que l'on recherche. Évidement
le débit de sortie dépend de la puissance de la pompe et de la hauteur
du mur (voir ici les spécifications
de ma pompe qui donnent les débits à différentes hauteurs). Donc le mieux c'est
d'opter pour une pompe à débit variable - moi pour un mur de 90 cm de haut j'ai une
"little giant PES-120-PW" (8 W, hauteur max de 1m20, débit max de 200 l/h à 0.9 m quant la pompe est
à max, débit variable) - Au débit minimal elle délivre moins de 50 l/h ce qui convient
très bien pour mon mur. Si la pompe a un débit trop important il est toujours
possible de mettre en place un circuit de dérivation en sortie de pompe
pour rediriger une partie du liquide dans le bac.
On place alors un connecteur en T à la sortie de la pompe et on utilise un petit robinet
d'aquariophilie pour régler le débit dans le circuit de dérivation.
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Pour diminuer la pression dans le
système il faut également
utiliser des tuyaux de gros diamètre. Mes tuyaux ont un diamètre
de 1.25 cm partout et les goutteurs sont plantés directement dedans
pour éviter d'avoir recours à des tuyaux de moindre
diamètre.
Finalement il faut des
goutteurs à débit variable, d'un débit suffisant et suffisamment
nombreux. J'ai essayé plusieurs marques ceux
que je préfère sont les Gardena à débit variable. Ils se
débouchent facilement en cas de colmatage et on peux les régler individuellement en
fonction des
besoins. |
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Finalement,
branchez la pompe sur un minuteur. Pour ma part l'eau est re-circulée en
permanence sur le mur pendant la journée mais pas la nuit en hiver. Pendant la
journée, le feutre horticole est tout juste humide au toucher et jamais
saturé ce qui permet une bonne santé des racines. L'évaporation
constante pendant la journée permet de maintenir une hygrométrie élevée
pour les plantes qui vivent sur le mur.
Voila,
le mur est maintenant opérationnel et attend ses ôtes avec
impatience. J'ai fixé la mousse et les plantes avec
du velcro à plante ("Plant tie" de marque Velcro).
C'est repositionnable à volonté et réutilisable. On peut donc
bouger les plantes à volonté sur le mur tant qu'elles ne sont
pas enracinées...

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Velcro à plantes

Les plantes sont
fixées sur le feutre grâce au Velcro, ici une tillandsia et une
encyclia polybulbon |
En hiver, mon mur est
placé sur le mur du fond de ma salle de culture, sous ma lampe horticole.
J'y ai placé de la mousse, des fougères, des Tillandsia et bien sur
des orchidées dont la majorité sont des miniatures: Encyclia abbreviata,
Haraella odorata, Dendrobium cuthbertsonii, Encyclia polybulbon, Howeara
lava burst 'pumani', Dichaea, etc... Elles se sont toutes très bien
enracinées sur le mur et prospèrent à leur aise comme on peut le
constater en regardant l'évolution du mur en 6 mois:
Août 2003 |
Octobre 2003 |
Décembre 2003 |
Détail, Décembre
2003 |
Détail, Décembre
2003 |
Détail, Décembre
2003 |
Coté entretient, je ne
brumise pas quotidiennement les plantes car la pompe se charge de les
abreuver. Je me contente de rajouter un arrosoir d'eau non calcaire dans le bac de
temps en temps pour compenser l'évaporation. J'utilise de l'eau du
robinet peu calcaire dont j'ajuste le pH entre 5 et 6 avec de
l'acide citrique (jus de citron). Coté fertilisation, j'y vais très
doucement. En effet vu que le taux d'évaporation sur le mur est assez élevé,
les sels de l'engrais ont tendance à se concentrer dans le bac, ce que les
orchidées n'apprécient pas forcément (surtout quant le feutre sèche complètement). Le problème est moindre
lorsque le mur est abondamment "planté" car les plantes
absorbent alors les sels rapidement. Mais pour ceux qui n'ont pas de
conductimètre ou dont le mur est juste en démarrage, je conseille de ne
pas mettre d'engrais directement dans le bac et de seulement fertiliser
une fois par semaine en mouillant abondamment les plantes avec une
solution diluée d' engrais additionnée d'un peu de savon à vaisselle
Bio. Je conseille aussi, pour plus de sécurité,
de changer complètement l'eau du bac une fois par mois.
Pour les coûts, ça
donne à peu près cela:
Feutre
horticole |
5
euros |
Plaque
de plexiglas |
15
euros |
jardinière
en bois |
10
euros |
toile
a bassin |
10
euros |
pompe
de recirculation |
20
euros |
tuyau
et goutteurs |
10
euros |
total |
70
euros |
Voila donc l' histoire de
mon mur. Comme vous voyez, rien de compliqué mais des heures de plaisirs
accessibles aux budgets les plus serrés ! Amusez-vous bien ;-)
Pour plus de photos de mon mur et
pour suivre son évolution, rendez vous sur mon
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